Том 3. Публицистические произведения - страница 7

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Un livre qui a eu, il y a quelques années, un grand retentissement en Allemagne et auquel on a bien faussement attribué une origine officielle, a semblé accréditer parmi vous l’opinion que la Russie, à une certaine époque, aurait eu pour système de s’attacher plus particulièrement les Etats allemands de second ordre au préjudice de l’influence légitime des deux grands Etats de la Confédération. Jamais la supposition n’a été plus gratuite, et même, il faut le dire, plus contraire de tout point à la réalité.

Consultez là-dessus les hommes compétents, ils vous diront ce qui en est; peut-être vous diront-ils que dans sa constante préoccupation d’assurer avant tout l’indépendance politique de l’Allemagne, la diplomatie russe s’est exposée quelquefois à froisser d’excusables susceptibilités, en recommandant avec trop d’insistance aux petites cours d’Allemagne une adhésion à toute épreuve au système des deux grandes puissances. Ce serait peut-être ici le lieu d’apprécier à sa juste valeur une autre accusation mille fois reproduite contre la Russie et qui n’en est pas plus vraie. Que n’a-t-on pas dit pour faire croire que c’est son influence avant tout qui a contrarié en Allemagne le développement du régime constitutionnel? En thèse générale il est souverainement déraisonnable de chercher à transformer la Russie en adversaire systématique de telle ou telle forme de gouvernement; et comment, grand Dieu, serait-elle devenue ce qu’elle est, comment exercerait-elle sur le monde l’influence qui lui appartient, avec une pareille étroitesse de ses idées! Ensuite, dans le cas spécial dont il s’agit, il est rigoureusement vrai de dire que la Russie s’est toujours énergiquement prononcée pour le maintien loyal des institutions établies, pour le respect religieux des engagements contractés; après cela il est très possible qu’elle ait pensé qu’il ne serait pas prudent, dans l’intérêt le plus vital de l’Allemagne (celui de son unité) de donner dans les Etats constitutionnels de la Confédération à la prérogative parlementaire la même extension qu’elle a, par exemple, en Angleterre, en France; que si, même à présent, il n’était pas toujours facile d’établir entre les Etats cet accord, cette intelligence parfaite, que nécessite une action collective, le problème deviendrait tout bonnement insoluble dans une Allemagne dominée, c’est-à-dire divisée par une demi-douzaine de tribunes parlementaires souveraines. C’est là une de ces vérités acceptées à l’heure qu’il est par tous les bons esprits en Allemagne. Le tort de la Russie serait de l’avoir comprise une dizaine d’années plus tôt.

Maintenant, si de ces questions de l’intérieur nous passions à la situation du dehors, vous parlerai-je, monsieur, de la révolution de Juillet et des conséquences probables qu’elle devait avoir pour votre patrie et qu’elle n’a pas eues? Ai-je besoin de vous dire que le principe de cette explosion, que l’âme même de ce mouvement c’était avant tout le besoin d’une revanche éclatante contre l’Europe, et principalement contre vous, c’était l’irrésistible besoin de ressaisir cette prépondérance de l’Occident, dont la France avait si longtemps joui et qu’elle voyait avec dépit fixée depuis trente ans dans vos mains? Je rends assurément toute justice au roi des Français, j’admire son habileté, je souhaite une longue vie à lui et à son système… Mais que serait-il arrivé, monsieur, si, chaque fois que le gouvernement français a essayé depuis 1835 de porter ses regards par-dessus l’horizon de l’Allemagne, il n’avait pas constamment rencontré sur le trône de Russie la même attitude ferme et décidée, la même réserve, la même froideur, et surtout la même fidélité à toute épreuve, aux alliances établies, aux engagements contractés? S’il avait pu surprendre un seul instant de doute, d’hésitation, ne pensez-vous pas que le Napoléon de la paix lui-même se serait finalement lassé de retenir toujours cette France, frémissante sous sa main, et qu’il l’aurait laissée aller?.. Et que serait-ce, s’il avait pu compter sur de la connivence?..